Les cycles de Juglar ou « cycles des affaires »
En 1861, Clément Juglar, économiste français, publie Les crises commerciales et leur retour périodique en France, en Angleterre et aux Etats-Unis à partir de chiffres obtenus sur ces trois pays. Il choisit de mettre en évidence ce que personne avant lui n’avait fait : analyser une alternance entre des périodes d’expansion économique et des périodes de contraction économique. Selon Juglar, il y a donc une alternance de ces périodes, d’où la notion de « cycles ». En fait, c’est la révolution industrielle et l’apparition du capitalisme, à l’origine de crises récurrentes, qui poussent les économistes à en prévenir les effets et à en comprendre les mécanismes dès le XIX° siècle. Pourtant, la théorie de Clément Juglar peut s’appliquer de façon antérieure en étant appliquée sur les crises agricoles, elles-aussi récurrentes.
D’une durée comprise entre 7-8 et 10-11 ans, les cycles de Juglar sont donc brefs. Juglar divise chacun de ces cycles en trois périodes et met les banques et le crédit au centre de ses analyses. L’investissement est d’ailleurs davantage pris en considération que la consommation. La première période correspond à une phase d’expansion, c’est-à-dire à une phase de hausse des prix et d’augmentation des investissements, donc de l’activité économique. La demande incite notamment les producteurs à augmenter leur production et donc à investir. La deuxième phase correspond à un ralentissement, dû par exemple à une surestimation des débouchés liée à l’euphorie des investisseurs, et à une surproduction qui provoque un engorgement des marchés. Enfin, un cycle se termine par une phase de liquidation ou d’assainissement durant laquelle les entreprises trop faibles disparaissent. Le crédit est comprimé et l’investissement diminue tandis que les prix baissent. La production diminue également et le chômage augmente alors. Une fois la situation assainie et ses agents pathogènes éliminés, la croissance reprend et un nouveau cycle est alors engagé.
Pourtant, à son époque, Juglar fut victime d’un certain discrédit, lié notamment à des prévisions ratées et à l’animosité du système bancaire qui refusait d’être tenu pour responsable des faiblesses passagères de l’économie. Mais cette théorie a encore un certain écho aujourd’hui. Ainsi, en France, si l’on étudie les dates des dernières crises (2008, 2002, 1993, 1983, 1974, …), le cycle de Juglar peut semble-t-il s’appliquer. Néanmoins, loin d’être un outil efficace pour prévenir de l’arrivée imminente des crises, il est plutôt un outil rétrospectif permettant de mettre en évidence une certaine logique dans leur apparition et leur succession.
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